Extrait d'un article
de Georges Dauzonne paru dans "La Châtaigne" en juillet 1951 (Revue de l'Amicale
du Canton de Montsalvy)
Il n'y a pas tellement
longtemps - à peine cinquante ans - lorsqu'on descendait du train à Aurillac
et qu'on prenait la voiture pour Montsalvy un deuxième voyage commençait.
Cette voiture était tirée par des chevaux et il fallait quatre heures pour
arriver à Montsalvy, à condition de prendre le " messager " officiel qui avait
des relais en cours de route. Les messagers privés qui n'avaient pas de relais
mettaient six heures pour faire le trajet, il est vrai que cela coûtait moins
cher, si Ie premier prenait 2 francs jusqu'à Montsalvy - le salaire journalier
d'un faucheur à l'époque - les seconds ne prenaient que 1 franc.
On avait le temps de bavarder, de faire connaissance avec ses compagnons de
voyage. On descendait dans la côte de Senilhes pour soulager les chevaux,
on faisait un brin de marche à pied, on admirait les cams de Lafeuillade.
Aux relais pendant qu'on changeait les chevaux on se désaltérait et se restaurait.
II n'y avait pas que des inconvénients dans cette lenteur. Il y avait 15 arrêts
d'Aurillac à Entraygues, ce sont les mêmes aujourd'hui et tout le monde les
connaît. Les relais étaient soit au Poteau d'Aubugues, soit aux Quatre-Routes,
soit à Lafeuillade "halte de tout cheval et de tout honnête roulier" chez
Canis et Poujol.
Cela dura jusqu'en 1908, année où l'entreprise Foulquier décida de la création
d'un service automobile.
La Croix du Cantal du
22 mars 1908 publiait l'entrefilet suivant : "Mardi dernier des essais intéressants
ont été faits sur la route d'Entraygues à Montsalvy, ils ont été on ne peut
mieux réussis et la voiture à vapeur Purrey a fait merveille dans la fameuse
côte de Montsalvy où à l'endroit le plus dangereux elle s'arrêta net et repartit
au grand ébahissement des voyageurs qui déjà redoutaient des pannes en pays
si accidenté".
Les transports autos étaient nés, avec pas tellement de retard sur Paris puisque
les premiers véhicules à traction automobile avaient fait leur apparition
en 1906 sur la ligne Montmartre-Saint Germain des Prés. Cette voiture, de
marque Purrey, fonctionnait au coke ou au bois, avec des roues très larges
cerclées de fer ce qui pendant l'hiver la rendait inutilisable car le gel
faisait patiner et déraper et il fallait alors ressortir les chevaux.
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Ce fut une révolution
que l'apparition de ce véhicule, on gagnait du temps on ne mettait plus que
deux heures et demie pour aller de Montsalvy à Aurillac. Cela n'allait pas
sans quelques inconvénients comme par exemple le manque de combustible survenant
en pleine route, alors, les voyageurs descendaient... et allaient ramasser
du bois pour pouvoir continuer.
Il parait que l'arrivée ce véhicule bruyant
à Montsalvy suscitait une mouvement de curiosité parmi la population et les
langues allaient grand train. Qu'allait-il advenir de ce moyen de locomotion
? lndifférent le Purrey passait son chemin dans un triomphe de bruit et de
poussière. Les langues n'arrêtent pas le progrès!
Cette voiture vécut jusqu'en 1912, à cette époque l'entreprise FouIquier céda
la concession à la Société Générale des Transports créée par Chibret, Dessirier,
Diégo et Delteil. Cette entreprise mit en service une voiture Berliet qui
fonctionnait au carburant et sur bandages pleins, c'était un progrès. Cette
voiture faisait la poste ; on partait d'Aurillac à 8 heures pour arriver à
Entraygues à 12 h 30. Cela continua ainsi jusqu'en 1914 puis à la guerre les
autos furent réquisitionnées et disparurent pour un temps du pays, on remit
alors en service les autobus à chevaux.
En 1920 la Société Générale des Transports reprend la ligne avec des voitures
Delahaye à impériale, de 25 CV, de 30 à 35 places, à bandages pleins, consommant
aux 100 kms, 50 litres d'un mélange nommé carburol. L'année 1923 vit l'apparition,
chez nous, du pneu à air Michelin, ce fut un évènement, le confort et la vitesse
des voitures aIlaient s'en ressentir. Il fallait deux heures et trois mille
coups de pompe pour gonfler un tel pneu, mais heureusement les crevaisons
étaient rares.
En 1914 et en 1920 il
n'y avait que 6 lignes d'autobus partant d'Aurillac : pour Fontanges, Mandailles,
Sainte Geneviève, Entraygues, Cassaniouze et Marcolès, la région était assez
mal desservie.
Il fut envisagé bien avant la guerre de 1914 la création d'une ligne de chemin
de fer Aurillac-Espalion. Justin Rigal déploya de grands efforts pour la faire
aboutir, un projet la faisait passer par Teissières, Ladinhac, Montsalvy,
Entraygues et la vallée du Lot. Mais les transports routiers se développèrent
avec une vitesse croissante, en 1927 ceux-ci avaient déjà atteint un développement
important et les projets de cette ligne furent définitivement abandonnés.
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